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17/03/18
COMMEMORATION DE L’ASSASSINAT DE PIERRE SEMARD
Le 7 mars est une date importante au sein du monde syndical et politique puisqu’elle marque l’anniversaire de la mort de Pierre Semard, résistant fusillé par les Allemands en 1942. Secrétaire général de la Fédération des cheminots CGT et dirigeant du Parti communiste français, dont il fut secrétaire général de 1924 à 1929, l’homme fut parmi ceux qui élaborèrent une conception moderne du syndicalisme.
Comme dans de nombreuses villes en France, des commémorations ont eu lieu dont celle à Villeneuve su Yonne où Pierre Semard a passé son adolescence. Depuis dix ans, le syndicat CGT des cheminots de Laroche Migennes et la municipalité de Villeneuve-sur-Yonne, honorent sa mémoire devant le parvis de la gare, qui porte son nom.
Ci-dessous la prise de parole de Cerqueira Osvaldo secrétaire du syndicat CGT de Laroche Migennes
Villeneuve sur Yonne, le 7 mars 2018
Mesdames, Messieurs, chers amis, chers camarades.
Cette année, peut-être plus encore que les précédentes, commémorer Pierre Sémard, relève d’une brûlante actualité.
Jugez plutôt. Je le cite « Ce que nous devons défendre, ce n’est pas le profit capitaliste du rail et des transports, mais ce sont les commodités et les besoins des usagers et des cheminots. Ce que nous défendons dans le chemin de fer, c’est un grand service public qui devrait être au service de la collectivité et non au service d’une oligarchie financière. »
Édouard Philippe et Emmanuel Macron seraient bien inspirés d’y réfléchir, eux qui ne doivent leur pouvoir qu’à la volonté de faire barrage aux enfants des bourreaux de celui dont nous saluons aujourd’hui la mémoire.
Souvent la question est posée ; qu’aurions-nous fait à sa place ? Inversons la question. Que ferait aujourd’hui Pierre Sémard ?
Que ferait-il face à cette nouvelle tentative de reprise en main par le capital de ce bien démocratique, ce bien social, ce bien économique, ce bien industriel qu’est l’entreprise publique nationale SNCF ?
C’est le sens de son combat pour le service public et le progrès social au service de la Nation qu’ils essaient aujourd’hui de démolir.
C’est son combat qui permit après la première grève de 1920 partie de Villeneuve-Saint-Georges de déclencher une deuxième grève à l’automne et qui donnera naissance aux statuts commun aux cheminots des différentes compagnies privées et qui, réunifiées donneront naissance à la Société Nationale des Chemins de Fer Français par décret en août j 1937. Le Service public ferroviaire est créé dans le pays au 1er janvier 1938 et Pierre Sémard en sera un des premiers administrateurs salariés.
Pierre Sémard fut le secrétaire général de la fédération CGT des cheminots jusqu’à sa mort. Accusé par le gouvernement français, il est condamné le 6 avril 1940 à 3 ans de prison, 2000F d’amende et 5 ans de privation de ses droits civiques. La direction de la SNCF suit le pas et le révoque. Incarcéré d’abord à Bourges, puis transférer au début de l’année 1942 au camp Gaillon dans l’Eure. Il y sera pris comme otage pour être fusillé le 7 mars 1942. C’est aujourd’hui, 7 mars 2018, 76 ans après sa mort, que la fédération CGT des cheminots présente – et c’est même à cet instant précis où je vous parle – son contre-projet pour le service public SNCF baptisé « Ensemble pour le fer ».
Un contre rapport à celui de Jean-Cyril Spinetta, un contre-projet à ceux du gouvernement et de la direction de la SNCF qui travaillent à la libéralisation du secteur à marche forcée depuis des années et démantèle l’entreprise nationale de service public et qui entendent lui donner le coup de grâce.
Nous, constatons le balai incessant des camions, la congestion routière et la multiplication des alertes pollutions et les accidents de la route.
Alors, donner au transport ferroviaire la dimension d’un service public indispensable au développement de la nation répondant aux besoins des citoyens, associer à cette dimension l’exigence d’un statut et d’une protection sociale de haut niveau pour les salariés du rail, œuvrer à l’élaboration des conventions collectives dans les transports pour éviter la mise en concurrence des salariés de ce secteur, chacun peut constater que ces axes revendicatifs portés et défendus par Pierre Sémard sont d’une brûlante actualité.
Chacun notera comme ils sont transposables dans notre combat d’aujourd’hui et des prochaines semaines qui s’ouvrent à nous cheminots, usagers, citoyens.
À ceux, aveuglés par le dogme libéral de la concurrence libre et non faussée, qui ont dans le viseur la casse de la SNCF, le statut des cheminots, nous sommes prêts et déterminés à agir pour notre avenir.
Les plus assidus d’entre vous auront noté la profonde actualité de mon intervention au détriment peut être du parcours de vie et militant de celui que nous commémorons aujourd’hui.
C’est pour nous le meilleur hommage à rendre à Pierre Sémard et à tous ceux qui sont morts pour défendre la liberté et nos idéaux et qui nous servent de repère pour prolonger leur combat, notre combat.
Je pense bien sûr aux 8938 cheminots qui payèrent de leur vie pour la Paix, pour l’Indépendance et la Liberté, les 15 977 blessés pour fait de Résistance et les 1157 morts en déportation parce qu’ils étaient cégétistes, communistes, juifs, homosexuels ou résistants.
Je vous remercie.